vendredi 5 février 2010

Enjeux de communication

N°10

1. Communication : séduction ou communion ?

L'objectif de cet espace dédié à la communication des Eglises locales n'est pas de proposer un "guide du bon communicant", un mode d'emploi clé en main, ni même une boîte à outils... Alors de quoi s'agit-il ?
La communication n'est pas un simple instrument, ni une technique de persuasion. L'histoire du mot est éclairante : communiquer c'est d'abord "mettre en commun", dans un sens proche de "communion". Il ne faut pas considérer la communication comme un avatar de la modernité, un auxiliaire suspect des stratégies marketing, mais bien comme une mission centrale de l'Eglise d'hier et d'aujourd'hui. Développer une "sensibilité communicationnelle", c'est pour nos Eglises, se donner les moyens d'annoncer l'Evangile au plus grand nombre. Face à cet enjeu, l'Eglise se trouve en concurrence avec une offre de discours multiples et parfois assourdissants dans un espace public où le spirituel, le politique, l'économique, l'éthique, la morale, le développement personnel, se télescopent : tout égale tout... Comment, dans ce contexte, être intelligible et entendu ?

Si l'Eglise a pu traverser les siècles et toucher les hommes depuis 2000 ans c'est, bien sûr, par la force propre du message qu'elle délivre, mais aussi par les institutions, les supports, les réseaux, les lieux, les hommes et les pratiques qui ont porté ce message à travers le temps et les territoires.

Nous croyons que l'Evangile est porteur d'une vérité, qu'il a une actualité et une pérennité pour éclairer notre vie présente et future. Cette voix doit se faire entendre et utiliser les porte-voix de notre époque.

Certes, la communication peut être manipulatrice, séductrice, futile et factice... Mais, ce n'est pas parce que la langue que je parle peut dire le mensonge, la haine et l'injure que je refuse de parler et que je me coupe la langue ! La communication permet aussi de rassembler, de rassurer, de guider, d'éveiller la foi du dormeur, de le mettre en face de Jésus. C'est cette conception de la communication que nous défendons et que nous voulons vous inviter à faire vôtre.

2. Une stratégie de communication

Toute association cultuelle porte, et est portée, par un projet d'Eglise, à travers lequel elle explicite ses missions et ses objectifs prioritaires. Ce projet, nous l'appellerons "le plan stratégique" de l'Eglise.
La communication sera l'accompagnement, l'opérationnalisation de ce projet, sa mise en forme visible pour les membres de l'Eglise et pour l'extérieur.

- Pour que le projet d'Eglise soit le projet DE l'Eglise il faut (c'est une évidence... pas si évidente que cela!) qu'il soit connu et intégré par tous les paroissiens.
Cela c'est de la communication interne.

- Pour que les activités de l'Eglise puissent mobiliser de nouvelles ressources humaines et être véritablement intégrés à la vie de l'Eglise, elles doivent être visibles (d'où l'importance du guide "qui fait quoi" cf. Chap. 7, d'un affichage clair cf. Chap 8).
Cela c'est de la communication interne.

- Pour maintenir le lien fraternel entre les membres de l'Eglise locale (quel que soit l'engagement des uns et des autres) il faut "objectiver" ce lien, c'est, entre autre, le rôle du bulletin paroissial (cf. Chap. 5 et 6).
Cela c'est de la communication interne...

Une paroisse où les liens fraternels sont distendus, où la cohésion est précaire, où la gouvernance est chaotique ne pourra jamais s'ouvrir de façon accueillante aux autres. Mobiliser, déléguer, écouter, conseiller, partager, pardonner... voilà les préalables, en interne, à toute démarche de communication externe.

Les relations avec la presse (cf. Chap. 1), l'animation radio (cf. Chap. 3), le site internet (cf. Chap. 4) amènent l'Eglise à expliciter son message et à le partager en suivant les contraintes et le potentiel des médias.

Pris isolément, ces outils et supports ne servent à rien : ils doivent être (nous le redisons !) sous-tendus par une "stratégie" (ou, si vous préférez un vocable moins guerrier : un objectif, une vision, un projet d'ensemble).

Si vous considérez la communication comme un mal nécessaire, n'allez pas plus loin...
Si vous considérez la communication comme de la publicité, n'allez pas plus loin...
Si vous voulez faire de la communication un moyen d'accompagner, de structurer, d'amplifier les objectifs de votre projet d'Eglise, alors les pages de ce site vous seront peut-être utiles...



Projets spéciaux

N°9

Organiser un concert, une exposition, célébrer les 100 ans d'un lieu de culte, organiser des manifestations pour sa rénovation, célébrer les 500 ans de Calvin... voilà des événements qui ne constituent pas, bien évidemment, le coeur de la mission des Eglises, mais ils représentent des opportunités à saisir.
Les événements ont en eux-mêmes une dimension communicationnelle. Concevoir un événement impose de prendre en compte les personnes qui vont y participer, c'est une invitation au partage. Par ailleurs, pour accompagner l'événement, on communique sur l'événement (communiqué de presse, affiche, flyers...).

1. Vecteur de visibilité

Les événements spéciaux sont des occasions privilégiées de se rendre visible et de faire entendre une parole en lien avec l'Evangile dans un espace public laïc.
Sauf en de rares occasions (cf. Chap 1 et 2), les médias informent assez peu sur la vie des Eglises. En "faisant événement" l'Eglise peut plus facilement s'inviter dans l'espace médiatique. C'est donc l'occasion de faire découvrir le lieu de culte, des membres de la communauté protestante à des personnes peu/pas sensibilisées.

2. Vecteur de mobilisation

Les événements spéciaux sont un moyen de fédérer, de mobiliser en interne. Les modes d'engagement dans la vie de la paroisse sont divers. Les ministères y sont nombreux et chacun devrait pouvoir trouver sa place. Les événements, en fixant par nature une échéance (le jour "J") permettent un autre mode d'engagement sur un temps donné. Un engagement qui peut être intense mais sur un temps court. Ceci permet de mobiliser des compétences spécifiques de personnes ne pouvant/ne voulant pas par ailleurs répondre à des sollicitations régulières.

3. Vecteur d'image

Ces événements donnent de l'Eglise une image ouverte, accueillante et active auprès d'un public élargi. En interne, ils donnent aussi une image valorisante aux membres de l'Eglise.

4. Les limites du genre

Bien sûr, les événements ne sont pas la panacée !
- Tous les événements ne sont pas également mobilisateurs en interne et diffusables à l'externe (les 2 dimensions peuvent même s'opposer)
- Ils sont (très) chronophages ! Les missions et le quotidien de la vie d'Eglise remplissent déjà l'agenda de ceux qui les prennent en charge. L'organisation d'événements ajoute une charge de travail à gérer dans l'urgence avec son lot d'imprévus... Il faut donc bien intégrer la dimension ressources humaines dans la planification d'événements spéciaux.

5. La dynamique événementielle

Sans qu'il s'agisse, bien entendu, d'un modèle, voici quelques exemples liés à l'année Calvin telle que l'a investie l'Eglise d'Angers-Cholet : conception/création d'une exposition, coproduction de deux autres expositions avec des partenaires institutionnels, cycles de conférences, journée d'étude, parcours historique, émissions de radio...
Ces différentes actions ont touché environ 2000 personnes.
Avec le relais de la bibliothèque municipale, de l'office du tourisme, de l'université catholique de l'ouest, ces projets ont contribué à une meilleure identification de l'Eglise dans la ville. Les nombreuses retombées presse ont permis de mieux faire connaître la réforme et les protestants d'aujourd'hui auprès d'un grand public.

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Espace et accueil

N°8


Les lieux de culte aussi communiquent !

Au risque d'être provocateur, nous dirions que le lieu de culte constitue véritablement un "support de communication". Inscrit dans l'espace urbain, il est un élément fort de visibilité d'une Eglise locale.

Une Eglise, c'est d'abord un édifice humain dont Jésus est à clef de voûte... Ceci est incontestable, mais les lieux, les édifices de pierres ou de bois orientent et conditionnent nos relations communautaires. W. Churchill disait, avec le sens de la formule : "Nous construisons des lieux et, en retour, ces lieux nous construisent"...

Parallèlement à la Parole et aux paroles entendues et échangées, l'espace, en soi, communique : chaque élément qui le compose est un signe qui fait sens. Lorsqu'on entre dans le temple, une "impression" se dégage, on reçoit une quantité de "messages" sur l'Eglise : est-elle accueillante ? Dynamique ? Ouverte et en phase avec la société contemporaine ?


La notion d'accueil est complexe parce qu'elle relie des éléments disparates : un lieu, un aménagement intérieur, les personnes, un collectif...

1. Un lieu
C'est d'abord un bâtiment qui peut, en lui-même, être bien conçu, lumineux, de "bonnes" proportions... mais aussi être peu adapté, sombre, humide, à l'acoustique confuse... Des éléments avec lesquels il faut composer.

Par ailleurs, lorsque le bâtiment a une valeur patrimoniale, il engage la paroisse : l'animation et la valorisation de ce patrimoine entrent directement dans les actions de visibilité et de communication. Pour les touristes, les visiteurs, le public des événements qui peuvent y être organisés (cf. Chap 9) le lieu lui-même peut jouer un rôle d' "accroche".

Dans tous les cas, veillez à ce que le lieu de culte soit bien repérable. Ceci passe par :

- la signalétique urbaine (obtenez un fléchage dans le quartier)
- un plan de situation sur le site internet
- une adresse et des coordonnées actualisées sur le site régional de l'ERF
- une signalisation au niveau des pages jaunes
- un référencement dans les annuaires et documents locaux (info mairie, office du tourisme, etc.)
- une vitrine/panneau d'affichage à l'extérieur du temple (veillez à ce que les informations soient actualisées, visibles. Pensez à mettre un visuel attractif). Cette vitrine doit être en bon état et propre !!

2. Un aménagement intérieur de l'espace

La Bible, la croix, la chaire, la table de communion, cela "fait" le temple protestant, mais il faut aussi, plus trivialement, prendre en compte les bancs et le mobilier, l'organisation de l'entrée avec ses informations, ses formes d'invitation, l'affichage, l'éclairage, le chauffage, les espaces de circulation...

L'espace qui - à l'entrée du temple - assure les fonctions
- d'accueil
- d'échange
- d'information
- de mise à disposition des cantiques
doit être aménagé avec soin : il constitue en premier lieu le visage matériel de votre Eglise.

Si une masse de documents s'y entassent selon les règles du pur hasard, que la date de péremption de ces documents est souvent largement dépassée, que là atterrissent aussi quelques chaises cassées, des caisses éventrées contenants des livres, des tracts, et que le tout est recouvert de poussière... Il est temps d'agir !

1- enlever tout ce qui n'a pas une bonne raison d'être là
2- organiser les informations (affiches, tracts, flyers etc.) pour qu'elles soient actualisées, accessibles, lisibles, classées.
3- faites en sorte que l'on puisse identifier ce qui relève :
- des informations pérennes sur l'Eglise locale (livret d'accueil, répertoire, etc.)
- des informations ponctuelles, des actualités, de l'Eglise locale (bulletin, activités des groupes, actions spécifiques, etc.)
- de la diffusion d'informations, de documents, de ressources externes, nationales ou régionales, etc.

3. Les personnes

Qui n'a jamais fait l'expérience suivante :
"Je suis de passage à X, j'entre dans le temple : quelques petits groupes parlent près de la porte, entre les travées ; d'autres sont déjà assis. Je regarde alentours et je finis, moi aussi, par m'assoir. Le culte se déroule : là je suis en terrain connu. La Parole me touche. Il est question d'accueil. Accueillir l'étranger qui frappe à ma porte... Envoi.
Je me lève. Quand je sors, beaucoup de paroissiens sont déjà partis tandis que se reforment les groupes amicaux et les sociabilités du dimanche. Le pasteur me sert la main. Je pars. Je n'ai pas échangé un mot..."

Etre attentif. C'est une évidence mais... Il est difficile de trouver pour la personne qui nous rejoint, la juste mesure entre l'indifférence et la sollicitation trop appuyée. L'indifférence est une offense dont nous ne pouvons collectivement nous dédouaner...
Qu'il y ait, pour chaque culte (avec bien sûr une rotation de la prise en charge), une personne ou une équipe d'accueil semble indispensable. Quelques mots d'accueil, la remise en main propre du recueil de cantiques et l'amorce d'un dialogue - sans être intrusif - à la fin du culte...

4. Un collectif

Qu'est-ce qui fait que l'on se sent bien dans une assemblée ? Le fonctionnement de ce thermomètre là est difficile à comprendre.
Les Eglises évangéliques jouent souvent la carte de la fonction "phatique" de l'Evangile : c'est-à-dire la mise en contact, la relation, voire la fusion.
L'être ensemble ne saurait, pour l'Eglise réformée, être un fin en soi, prévalant sur le message.
Néanmoins, une bonne communication interne (cf. Chap. 1 et 5 à 8) et la réussite de moments fédérateurs finissent par transparaître sur le fonctionnement du groupe. Lorsque l'on partage plus que le temps du culte, ce temps de culte est en retour investi de la richesse de la vie du groupe. Seul un groupe qui fonctionne bien peut s'ouvrir et accueillir.