vendredi 5 février 2010

Espace et accueil

N°8


Les lieux de culte aussi communiquent !

Au risque d'être provocateur, nous dirions que le lieu de culte constitue véritablement un "support de communication". Inscrit dans l'espace urbain, il est un élément fort de visibilité d'une Eglise locale.

Une Eglise, c'est d'abord un édifice humain dont Jésus est à clef de voûte... Ceci est incontestable, mais les lieux, les édifices de pierres ou de bois orientent et conditionnent nos relations communautaires. W. Churchill disait, avec le sens de la formule : "Nous construisons des lieux et, en retour, ces lieux nous construisent"...

Parallèlement à la Parole et aux paroles entendues et échangées, l'espace, en soi, communique : chaque élément qui le compose est un signe qui fait sens. Lorsqu'on entre dans le temple, une "impression" se dégage, on reçoit une quantité de "messages" sur l'Eglise : est-elle accueillante ? Dynamique ? Ouverte et en phase avec la société contemporaine ?


La notion d'accueil est complexe parce qu'elle relie des éléments disparates : un lieu, un aménagement intérieur, les personnes, un collectif...

1. Un lieu
C'est d'abord un bâtiment qui peut, en lui-même, être bien conçu, lumineux, de "bonnes" proportions... mais aussi être peu adapté, sombre, humide, à l'acoustique confuse... Des éléments avec lesquels il faut composer.

Par ailleurs, lorsque le bâtiment a une valeur patrimoniale, il engage la paroisse : l'animation et la valorisation de ce patrimoine entrent directement dans les actions de visibilité et de communication. Pour les touristes, les visiteurs, le public des événements qui peuvent y être organisés (cf. Chap 9) le lieu lui-même peut jouer un rôle d' "accroche".

Dans tous les cas, veillez à ce que le lieu de culte soit bien repérable. Ceci passe par :

- la signalétique urbaine (obtenez un fléchage dans le quartier)
- un plan de situation sur le site internet
- une adresse et des coordonnées actualisées sur le site régional de l'ERF
- une signalisation au niveau des pages jaunes
- un référencement dans les annuaires et documents locaux (info mairie, office du tourisme, etc.)
- une vitrine/panneau d'affichage à l'extérieur du temple (veillez à ce que les informations soient actualisées, visibles. Pensez à mettre un visuel attractif). Cette vitrine doit être en bon état et propre !!

2. Un aménagement intérieur de l'espace

La Bible, la croix, la chaire, la table de communion, cela "fait" le temple protestant, mais il faut aussi, plus trivialement, prendre en compte les bancs et le mobilier, l'organisation de l'entrée avec ses informations, ses formes d'invitation, l'affichage, l'éclairage, le chauffage, les espaces de circulation...

L'espace qui - à l'entrée du temple - assure les fonctions
- d'accueil
- d'échange
- d'information
- de mise à disposition des cantiques
doit être aménagé avec soin : il constitue en premier lieu le visage matériel de votre Eglise.

Si une masse de documents s'y entassent selon les règles du pur hasard, que la date de péremption de ces documents est souvent largement dépassée, que là atterrissent aussi quelques chaises cassées, des caisses éventrées contenants des livres, des tracts, et que le tout est recouvert de poussière... Il est temps d'agir !

1- enlever tout ce qui n'a pas une bonne raison d'être là
2- organiser les informations (affiches, tracts, flyers etc.) pour qu'elles soient actualisées, accessibles, lisibles, classées.
3- faites en sorte que l'on puisse identifier ce qui relève :
- des informations pérennes sur l'Eglise locale (livret d'accueil, répertoire, etc.)
- des informations ponctuelles, des actualités, de l'Eglise locale (bulletin, activités des groupes, actions spécifiques, etc.)
- de la diffusion d'informations, de documents, de ressources externes, nationales ou régionales, etc.

3. Les personnes

Qui n'a jamais fait l'expérience suivante :
"Je suis de passage à X, j'entre dans le temple : quelques petits groupes parlent près de la porte, entre les travées ; d'autres sont déjà assis. Je regarde alentours et je finis, moi aussi, par m'assoir. Le culte se déroule : là je suis en terrain connu. La Parole me touche. Il est question d'accueil. Accueillir l'étranger qui frappe à ma porte... Envoi.
Je me lève. Quand je sors, beaucoup de paroissiens sont déjà partis tandis que se reforment les groupes amicaux et les sociabilités du dimanche. Le pasteur me sert la main. Je pars. Je n'ai pas échangé un mot..."

Etre attentif. C'est une évidence mais... Il est difficile de trouver pour la personne qui nous rejoint, la juste mesure entre l'indifférence et la sollicitation trop appuyée. L'indifférence est une offense dont nous ne pouvons collectivement nous dédouaner...
Qu'il y ait, pour chaque culte (avec bien sûr une rotation de la prise en charge), une personne ou une équipe d'accueil semble indispensable. Quelques mots d'accueil, la remise en main propre du recueil de cantiques et l'amorce d'un dialogue - sans être intrusif - à la fin du culte...

4. Un collectif

Qu'est-ce qui fait que l'on se sent bien dans une assemblée ? Le fonctionnement de ce thermomètre là est difficile à comprendre.
Les Eglises évangéliques jouent souvent la carte de la fonction "phatique" de l'Evangile : c'est-à-dire la mise en contact, la relation, voire la fusion.
L'être ensemble ne saurait, pour l'Eglise réformée, être un fin en soi, prévalant sur le message.
Néanmoins, une bonne communication interne (cf. Chap. 1 et 5 à 8) et la réussite de moments fédérateurs finissent par transparaître sur le fonctionnement du groupe. Lorsque l'on partage plus que le temps du culte, ce temps de culte est en retour investi de la richesse de la vie du groupe. Seul un groupe qui fonctionne bien peut s'ouvrir et accueillir.